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Une question très abstraite me direz vous. Et pourtant elle mérite réflexion. Une réflexion philosophique, mais aussi scientifique. Explications…

Cet article est né d’une discussion sur Facebook, où une amie réagissait à un article sur la vitesse de la lumière, en précisant “il faut rajouter un léger décalage, le temps que l’information parvienne des yeux au cerveau et soit traité par celui-ci. On ne peut jamais percevoir le présent!“.

Certes, ce décalage entre le moment où les yeux perçoivent la lumière, et le moment où le cerveau l’interprète est minime, de l’ordre de la milliseconde, mais il soulève un problème: en effet, personne ne voit donc dans le présent. Nous voyons systématiquement dans le passé.

 

Les intermédiaires entre l'oeil et le cerveau sont nombreux.

Les intermédiaires entre l’oeil et le cerveau sont nombreux, ce qui allonge le temps de traitement du signal envoyé par l’oeil.

Si, à notre échelle, nous considérons que ce décalage est quasiment nul, on ne peut pas en dire autant pour tout ce qui nous entoure ! Prenons un exemple: imaginons nous être en voiture, sur l’autoroute. Un danger survient brutalement. Entre le moment où nos yeux voient le danger, et le moment où notre pied appuie sur le frein, il peut se passer jusqu’à une seconde ! Tout cela (majoritairement) en raison d’un “délai” de traitement des signaux reçus et émis par notre cerveau !

En effet, dans ce cas de figure, notre réaction est la suivante:

  1. Nos yeux perçoivent la situation, ils transmettent l’image au cerveau.
  2. Le cerveau reproduit l’image
  3. Le cerveau identifie un danger
  4. Le cerveau cherche le comportement à adopter
  5. Il réagit en envoyant un signal aux muscle de la jambe pour appuyer sur le frein
  6. Les muscles de la jambes reçoivent le signal, et se contractent: nous freinons.

Admettons que l’on roule à 150 km/h (c’est interdit, mais c’est un chiffre rond, simplifiant les calculs), 1 seconde représente environs 41 mètres parcourus par la voiture. C’est très long ! Dans cette seconde, les deux étapes les plus longues sont les étapes 2 et 5. le décalage entre ce que nos yeux on perçu, et ce que notre cerveau à vu est donc, dans ce cas, très très long, car lorsqu’une situation comme celle-ci se produit, chaque milliseconde peut faire toute la différence !

 

De ces constatations, nous pouvons nous poser une première question: La réalité étant ce qu’il se passe de façon concrète et immédiate devant nous, si nous ne voyons pas instantanément ce que nos yeux perçoivent, peut-on parler de réalité ? Voici l’aspect philosophique.

Mais le détail de notre comportement décrit ci-dessus pose de nouvelles questions: notre cerveau reproduit une image perçue par nos yeux.

  • Qu’est ce qui prouve que l’oeil perçoit correctement l’environnement qui m’entoure, que le signal qu’il envoie au cerveau est fidèle à la réalité ?
  • Qu’est ce qui prouve que le cerveau reconstitue une image fidèle à celle perçue par l’oeil ?
  • Qu’est ce qui prouve que le cerveau interprète correctement le signal qu’il a reçu et reconstitué ?

 

Comme je vous le détaillais sur mon article “Le cerveau et sa capacité d’interprétation“, il se peut que le cerveau “omette” de vous faire part de ce qu’il “voit” ou “entend”. Ainsi, il ne vous donne qu’une notion partielle de la réalité.

Cela se voit de façon évidente avec les illusions d’optique. Sur l’image suivante, dans quel sens tourne la demoiselle ?

Fixez bien cette silhouette. Il se peut que vous la voyez brutalement changer de sens de rotation !

Fixez bien cette silhouette. Il se peut que vous la voyez brutalement changer de sens de rotation !

En l’observant, vous remarquerez au bout d’un certain moment qu’elle semble changer de sens de rotation. En réalité, elle ne tourne pas: ce n’est une silhouette qui est contractée, puis dilatée. Mais votre cerveau considère non seulement que cette silhouette tourne, mais en plus, et sans votre consentement, il va vous donner l’illusion qu’elle va dans un sens, puis un autre.

Or, en regardant cette image, vous comprendrez bien que vous voyez une illusion: vous ne voyez pas la réalité.

Scientifiquement, pouvons nous émettre l’hypothèse que votre cerveau agisse de même, qu’il vous trompe à chaque instant de la vie de tous les jours ? En somme, scientifiquement, la réalité existe t-elle ?

Il nous est en effet à tous arrivé de nous perdre dans nos pensées, et de ne pas voir la personne arriver en face, de la bousculer, alors même que l’on regardait dans sa direction ! Nos yeux l’ont vu, mais notre cerveau l’a occulté, trop occupé à réfléchir à autre chose: il vous a bel et bien occulté la réalité.

De même, encore perdu dans nos pensées, nous n’avons strictement rien entendu de ce que nous disait notre ami, pourtant assis à coté de nous. En réalité, nos oreilles ont bien perçu sa voix, et ont transmises au cerveau, qui à bien “entendu”, mais, encore trop occupé, il a tout simplement zappé sciemment ce signal.

Puisque ces omissions sont inconscientes, notre cerveau nous fait donc des petites cachotteries, à notre insu ! Si nous n’avions pas bousculé cette personne, si notre ami ne nous avait pas dit “Hey ho ! Je te parle !”, nous ne saurions jamais ce que notre cerveau à omis de nous faire prendre conscience. Se peut-il alors qu’il omette régulièrement de prendre en compte des signaux émis par nos oreilles, nos yeux, nos nerfs, notre nez, notre langue, et que nous ne nous en rendions pas compte ? A l’image des exemples ci-dessus, la réponse est oui. On ne perçoit donc pas la réalité.

 

Conclusion

Les points de vue philosophique et scientifique que je vous ai présenté admettent que notre vision de la réalité peut être une notion abstraite ou décalée de notre environnement réel, ce qui entre en contradiction avec la réalité, et la rend donc inexistante. La réalité n’existe pas, il n’existe qu’une interprétation que nous en faisons.

Cela ne signifie pas que ce que vous voyez, ce que vous touchez, sentez n’est pas réel. Cela précise que ces éléments ont une réalité, et que nous avons chacun notre propre perception de ces éléments, une perception qui s’approche de la réalité, mais qui ne l’est pas.

Je regrette de ne pouvoir vous fournir les aspirines avec cet article, car si l’on s’y penche quelques minutes, tout cela devient un véritable sac de noeud, un casse tête impossible à démêler, et la migraine vous guette !

Amen0thes
Amen0thes
Je suis un passionné d'informatique, mais aussi de sciences, notamment d'astrophysique et d'astronomie. Je réalise des créations numériques de toute sorte (musique, vidéo, photo, photoshop, after effect, créations 3D sous Blender). Quand il fait beau, je sors le drone, je quitte la salle de sport pour courir dehors (même si je déteste courir), et je suis amateur de moto. Et quand il pleut, j'apprend la guitare. Geek ascendant Nerd.

4 Comments

  1. JEE GEEBEE dit :

    Je pense qu’il n’y a qu’une seule réalité, la réalité de notre cerveau et qu’il n’y a pas de réalité externe.
    Je pense même que c’est notre cerveau qui crée l’illusion d’une réalité extérieure.
    La réalité extérieure ne serait que la projection de notre fonctionnement cérébral.

    • jurlud dit :

      Beaucoup de scientifiques vous contrediraient. Certains pensent qu’il y a autant de réalités que d’êtres humains, car chacun à la sienne, d’autres diront qu’il n’y en a qu’une, et que nous ne la verront jamais (c’est cette théorie sur laquelle mon article s’appuie).
      Le problème c’est que la réalité a un sens universel et unique. S’il y a plusieurs réalités, voire un nombre infini, la réalité perd son essence même, car elle induit une certaine unicité.

      Le sujet est scientifique, mais aussi philosophique, comme souvent.

  2. Erwann dit :

    Bien sûr que le cerveau n’interprete pas toujours bien les choses par contre il n’invente rien, il compense un message mal interprété par quelque chose de crédible en puisant dans sa bibliothèque, la mémoire, si vous avez déjà vu une danseuse en patin tourner, le cerveau va voir que le mouvement correspond a ce qu’il voit de cette silhouette (que verrait un nouveau né par exemple qui n’a en principe jamais vu de danseuse tourner) et va mettre les deux en relation, c’est comme les détecteurs de visage, un visage est vu et est mis en relation avec une base de données.
    Certains pensent que le cerveau créé les couleurs, les sons, les goûts et les odeurs (pour ces 4 éléments, je dit créé au sens de la perception pas de la nature chimique ou ondulatoire dans le monde de ces 4 éléments), moi je constate que ce n’est qu’une boîte noire et qu’il ne peut rien créer mais peut réutiliser ce qu’il a en mémoire donc pour l’exemple des couleurs, si il les voient, c’est qu’elles sont bien là dans le monde extérieur à notre conscience.
    D’ailleurs où est la conscience ? Personne ne peut y répondre aujourd’hui.
    Je crois que tout ce qu’on voit depuis notre naissance (visages, objets, etc…) n’ont jamais été oubliés mais pour ne pas saturer la mémoire consciente mais sont sauvegardées dans la mémoire inconsciente et reutilisees dans nos rêves (si nos rêves sont si abstraits, illogiques si tu préfères, pour certains c’est que notre cerveau compile des données de notre mémoire consciente et inconsciente pour créé un monde comme une bibliothèque d’objets qui sera utilisée par l’utilisateur dans un monde en 3D dans un programme informatique et qui lui serviront d’outils pour créé son monde en 3D).

    • jurlud dit :

      Merci pour votre réponse très intéressante.
      Le cerveau n’invente pas les couleurs, ni les sons, les gouts, il les interprete, nous sommes bien d’accords. Apprenons à un enfant depuis tout petit que ce que nous, nous percevons comme bleu est en fait du vert, et il sera convaincu de voir du vert.
      Pourtant, son oeil et son cerveau percevront la même longueur d’onde que nous, en regardant cette couleur, c’est simplement le mot qui définit cette longueur d’onde qui changera pour lui. Ce n’est donc que sémantique.
      Dans mon article, je parle de la perception et de la mémoire consciente, et en effet, je ne parle pas de l’inconscient. Le cerveau enregistre tout, nous sommes d’accord. Il fait des choix en fonction des situations, pour que nous conservions une “cohérence” dans ce que nous voyons et expérimentons.
      Inventer est un mot un peu fort, mais pour autant, même s’il puise dans des souvenirs inconscients pour combler des incohérences ou simplement des choses inconnues dans ce que nos sens perçoivent, il doit parfois donc y greffer des souvenirs, qui ne correspondent pas toujours à la réalité, et dans ce cas, ce que l’on appelle interprétation n’est pas très loin de l’invention.

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